Contribution de Christine Manuel, personne qualifiée pour le médico-social - Conseils territoriaux de santé d'île-de-France
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Contribution de Christine Manuel, personne qualifiée pour le médico-social

Suite aux échanges autour des représentants d’usagers, Madame Christine Manuel, personne qualifiée pour le médico-social, nous apporte sa contribution :

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Ce sujet est en effet très important .

 

Quelques remarques: Je trouve important de faire un distingo entre les proches aidants et les professionnels de l’aide. Le terme aidant est trop flou.

 

Cependant qu’il s’agisse des proches aidants ou des aidants professionnels il me semble que lors des consultations en urgence on pourrait prévenir les médecins comme les pompiers qu’ils doivent demander à la personne concernée si elle souhaite que l’aidant présent puisse être associé à l’examen, et que les associations et syndicats pourraient relayer aux proches aidants l’information sur les droits des patients, qui est que le médecin ni les pompiers ne peuvent pas refuser d’accéder à la demande du patient s’il désire que son aidant soit associé à l’info et aux questionnements le concernant, c’est son droit et on ne peut le lui refuser (sauf contrainte technique – on ne va pas dans la cabine radio avec son aidé!)..

 

On peut leur rappeler aux aidants qu’il doivent donc préparer avec leur aidé la perspective d’avoir à demander que l’aidant reste là et soit informé, si cela peut les rassurer, ce qui sera généralement le cas – sauf cas particuliers où l’aidé peut souhaiter néanmoins voir le médecin seul, ce qui est aussi un droit sur lequel il n’est pas souhaitable d’empiéter, quitte à informer le médecin ou les pompiers, après l’examen du patient, des observations faites par l’aidant.

 

Dans mon expérience d’aidante, lorsque mon mari, aux derniers stades de son mésothéliome, a eu des interventions en urgence de pompiers ou des passages aux urgences, cela n’a posé aucun problème que je reste présente puisqu’il le souhaitait. Pourtant il n’avait aucune atteinte cognitive, ce qui explique peut être que sa demande ait été prise en considération.

Celle d’une personne atteinte cognitivement pourrait être prise encore plus en considération vu sa fragilité et sa dépendance..

 

Il me semble que la situation d’une personne en état comateux ou totalement privée de la parole devrait d’autant plus appeler, pour des raisons médicales, à la prise en considération des observations des proches présents. Lors d’un accident de la route on interroge bien les présents au chevet du patient,non?

 

Mais y a-t-il beaucoup de situations où les personnels intervenant en urgence écartent d’emblée les proches aidants? est-ce une pratique répandue?

 

En ce qui concerne les professionnels de l’aide le principe doit rester le même, c’est le choix du patient aidé qui fait loi. s’il s’agit d’un emploi direct c’est l’employeur qui décide et l’employé doit être préparé à assumer cette responsabilité.

Mais si c’est l’employé d’une institution, celle-ci peut aussi souhaiter protéger son personnel et ne pas accepter qu’il soit impliqué dans la consultation médicale – sauf nécessité absolue lié à l’état du patient, où il s’agit d’un devoir citoyen d’assistance comme celui de n’importe quel témoin d’accident.

 

Dans tous les cas, il est souhaitable que ces questions soient traitées en amont de l’urgence, entre les aidés et les aidants.

 

Dans le cas des professionnels employés par des services d’aide à domicile ou les ESMS, il faudrait les aborder avec le service lui même, et s’il accepte, il doit pouvoir recueillir les demandes et consentements de façon éventuellement formalisés par écrit, soit de l’aidé, soit de ses représentants légaux. Car c’est en effet une charge mentale et une responsablilité supplémentaire pour ses personnels et il a aussi à intégrer cette donnée dans la fiche de poste et dans le management des RPS pour les personnels non médicaux qui peuvent être concernés. »